Des enfants portent lecture du
nombre de victimes des déportations nazies, camp par camp.
(photo WT) |
La journée du Souvenir, c’est l’occasion
de rappeler le nombre de victimes du programme hitlérien de
purification ethnique. L’histoire a de tristes pages, qu’il faut
continuer à raconter, pour jamais n’oublier, pour ne pas être tentés
de refaire les erreurs du passé. À ce moment solennel, des enfants
portent lecture du nombre de victimes, camp par camp. Mais
savent-ils toute l’horreur de ces lignes lues d’une innocente
intonation ? Un ancien combattant prend la parole. D’une voix
grave et solennelle, il engage la lecture d’un message des déportés,
qui en appelle au souvenir des jours néfastes, quand eux, meurtris
par la furie hitlérienne, croyaient encore en un monde de paix. Il
rappelle l’importance de l’enseignement de cette histoire. Alors,
saluons par avance les anciens déportés et les familles de ceux
sacrifiés à la déportation, eux qui ont appelé la France à son
histoire. La loi du 14 avril 1954 consacre le dernier dimanche du
mois d’avril “Journée nationale du Souvenir des victimes et héros de
la déportation”. Au début des années 1950, les survivants de la
déportation, et les familles d’anciens déportés qui n’avaient pas
survécu, souhaitaient voir inscrite au calendrier une célébration
nationale commémorant la mémoire de la déportation. Le dernier
dimanche d’avril avait été retenu, puisque proche des cérémonies de
la libération de la majorité des camps, et qu’il n’enlevait aucune
autre célébration nationale ou religieuse du calendrier des
célébrations nationales.
Chiffrer le
chaos ?
« Tatoués, classifiés par des
insignes, sacrifiés », la déportation fait référence à une page
sombre de l’histoire européenne. Avec 5 millions 100.000 victimes de
la Shoah, c’est dire la catastrophe ethnocide qui s’est jouée en
Europe durant la Seconde Guerre mondiale. Encore faut-il compter les
tsiganes, qui verront un tiers de leur population livrés à la folie
hitlérienne, soit 250.000 victimes. Pour autant, il ne faut pas
oublier les combattants de la liberté. 550.000 à 650.000 déportés ne
relevaient pas de la solution finale et ont connu les prisons et les
camps nazis pour leurs idées. En France, près de 86.000 déportés de
répression sont à enregistrer, dont des résistants, des politiques,
des otages, des républicains espagnols (7.000). 40% de ces déportés
mourront de la déportation. S’ajoute aussi un petit nombre d’exilés
religieux autre que juifs, dont presque 6.000 témoins de Jéhovah,
distingués par leur triangle violet. 1.200 d’entre eux ne sortiront
pas vivants des camps pour n’avoir pas voulu participer à la guerre,
et pour leur neutralité politique. Sur les 100.000 Européens arrêtés
pour homosexualité, près de 10.000 connaîtront les camps. Bref,
cette célébration devrait honorer toutes les victimes de la
déportation, dans leur nombre le plus exact. Est-ce seulement
possible ? Les historiens eux-mêmes ne peuvent avec précision
s’entendre sur un nombre défini. Reste donc la mémoire de ceux-là,
déportés inconnus...
W.T.